
D’UBUD à JATILUWIH, entre ville et campagne
Nous délaissons le littoral pour remonter plus à l’intérieur des terres. On a besoin de mouvement. Sur le trajet, Ben s’enquiert du code de la route auprès de notre chauffeur. Etant donné qu’on roule à gauche, existe-t-il une « priorité de gauche » ? La réponse est sans appel. Il n’existe qu’une seule règle, pouvant être résumée comme suit : premier arrivé, premier à passer. Sans oublier de garder le sourire, en toutes circonstances.
Nous découvrons Ubud, deuxième plus grande ville de l’île. Par son trafic ahurissant, elle nous rappelle directement le bourdonnement de l’Inde. Heureusement, un choix judicieux de logement s’est posé, à l’écart de l’agitation, près de la Monkey Forest. Ici, le seul frein au sommeil est le coassement des crapauds, au milieu d’un jardin époustouflant. Le quartier est, lui aussi, très agréable. Un terrain vague accueille de nombreux enfants en fin d’après-midi, lorsque l’air s’adoucit et la lumière revêt sa plus belle parure. Rires et cris retentissent. On observe un mélange de locaux et d’étrangers, potentiellement des expatriés.



3 voyageurs sur 4 ont contracté le Mal. Face à l’étau qui se resserre, je savoure chaque jour mon privilège de passer entre les mailles du filet. Le fait de disposer de temps nous permet de prendre les choses avec -une certaine- philosophie. Nous passons de nombreuses heures en duo mère-fille, ce qui se solde quasi systématiquement par un crêpage de chignon en fin de journée. Cette petite chipie (exploitation volontaire d’un vocabulaire gentillet à des fins littéraires) se prend quelques libertés et commence même à m’appeler « Marge » , prétextant que je suis plus réactive que quand elle dit « maman » . Cette insolence ne peut que lui venir de sa branche généalogique paternelle.
Une routine s’installe peu à peu. Nous tâtonnons encore pour l’école. Ce n’est pas toujours facile de trouver le créneau adéquat (ni de susciter la motivation des cancres), mais nous persévérons. Les heures les plus chaudes se déroulent de préférence en bord de piscine. Sur le transat à côté du mien, Mia délaisse un paquet de chips entamé. Un singe fait irruption, contourne calmement le bassin et se dirige vers moi. Je suis désespérément seule, et il accélère sur les derniers mètres. La fille stoïque passe sans transition au stade de furie en panique. (Je m’exprime ici à la troisième personne du singulier pour rendre compte du phénomène de dissociation, survenu à cet instant précis.) Donc, elle saisit l’objet de convoitise et le balance d’un geste précipité, le plus loin possible –62 centimètres-. Cette réaction semble tout à fait disproportionnée face à l’attitude du pillard, qui déverse le contenu du sachet sur le sol et casse la croûte, le plus paisiblement du monde.


Ici comme ailleurs, la ferveur religieuse est omniprésente. Dans le centre-ville, nous assistons à une sorte de procession, que les enfants comparent alternativement à la Cavalcade et à la Fête à Bolland, puisant dans leurs vastes références. Ubud vaut clairement le détour pour son atmosphère, même si nous sommes heureux de changer de décor, en nous orientant vers une zone plus rurale. L’alternance est aussi un rempart à la lassitude.

Jatiluwih et ses rizières en terrasse nous accueillent à bras ouverts. Je ne sais pas où poser le regard, dans cette explosion de beauté. Cerise sur le gâteau, nous nous installons dans une pension familiale chaleureuse, au milieu d’un jardin sauvage, encore plus spectaculaire que le précédent. Cette fois, c’est le bruit d’une cascade qui berce nos nuits. Les propriétaires ne sont pas avares de tuyaux hautement confidentiels, comme l’heure d’un combat de coqs, dans un lieu tenu secret. Nous restons suffisamment longtemps pour explorer les environs et profiter de tout ce que la région peut nous offrir : sources d’eau chaude, cascades, cours de cuisine, balades… Se perdre (presque délibérément) en scooter dans le dédale des ruelles et s’enfoncer dans la campagne nous permet de découvrir l’arrière-pays. En un mot : sublime!




Nous commençons à ralentir. Ce qui constitue, l’air de rien, un réel apprentissage. Malheureusement, Ben a encore été victime d’un malaise cardiaque, à notre arrivée à Ubud. Nous attendons l’avis de sa spécialiste demain, avant de prendre une décision. Cela signifie que nous serons peut-être amenés à rentrer en urgence, pour la pose d’un pacemaker en Belgique. C’est un énorme coup dur, mais la santé reste la priorité absolue. Je nourris l’espoir de pouvoir recommencer à décrire avec passion d’autres contrées exotiques, après avoir traversé cette épreuve, en repartant de plus belle 🖤



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9 commentaires
Florine
Gros cœur sur vous 4, petit spécial pour Ben. Je vous envoie plein de courage et de force. Hâte de continuer à lire vos aventures ❤️
Marie Luce Tossings
Cela avait pourtant bien commencé, jusqu’au malaise de Benji ! Je croise tout ce que je peux, pour que votre retour ne soit pas nécessaire.
Margau es-tu certaine que c’est bien la « branche généalogique paternelle » qui ressort chez la petite ? 😆 Votre voyage donne bien des envies. Merci pour cet intérressant compte rendu.
Margot
Chaleur et rayons de soleil ☀️ bien réceptionnés jusqu’ici! On réchauffe nos cœurs 💞
Rogister
C’est avec beaucoup de bonheur et de plaisir que je vais vous suivre…je vous souhaite de belles aventures, de belles rencontres, de magnifiques souvenirs 🩷
Margot
C’est avec beaucoup de plaisir que j’apprends que tu nous suis Ginette! ❤️
Tom & Family
Ah ma petite lecture du lundi 😉 Chouette de voir vos petites mines épanouies ! J’espère que l’incident de Ben ne mettra pas un frein à votre belle aventure 🤞Et sinon je peux faire suivre la dictée à Yann si tu veux pour le motiver 😆😉
Margot
Tu accèdes au statut de lectrice fidèle, rien de tel qu’un moment d’évasion le lundi ! Dis à Tom que Yann va le rejoindre pour quelques semaines sur les bancs de l’école, je vois d’ici son immense sourire 😊❤️
Benedicte Patars
Bin mince alors! Fallait bien que ça arrive en voyage! Vous avez du avoir vachement peur! J espère que vous profitez tout de même! Courage à la family!
Margot
Merci Béné ❤️ Contente de voir que tu es passée par ici ! On essaie de s’imprégner de la douceur de vivre balinaise, inspirante pour relativiser… 😅 Des bisous !