Indonésie

Cheminer vers l’Est, et retrouver la mer à AMED

Suite à un avis médical unanime, le verdict est tombé et la prudence est de mise, notre décision est donc prise. Nous rentrerons environ 6 semaines en Belgique pour l’opération de Ben. L’automne étant ma saison préférée, j’y vois un lot de consolation. Nous déposerons nos sacs à dos dans le quartier général grand-rechaintois, assez grand pour nous accueillir, débordant en prime de chaleur humaine. Yann décrit les choses de manière poétique, ce qui n’est pas pour me déplaire : « En fait, nous allons faire une escale chez Aupas et Aunid » . Conserver un statut nomade devrait nous permettre d’éviter de nous réancrer dans nos habitudes, et garder l’impulsion du voyage. Nous espérons reprendre la route dans le courant du mois de novembre, parés pour explorer l’Asie du Sud-Est, ce qui était initialement prévu. Retomber sur nos pattes, en somme.

En attendant, nous tâchons de profiter, le plus sereinement possible, du temps dont nous disposons encore sur l’île des dieux. J’ai un véritable coup de cœur pour Bali, sa nature, et la gentillesse profonde de ses habitants. Nous quittons le ciel gris de Jatiluwih, théâtre d’un ascenseur émotionnel éprouvant. La pluie, drue et ininterrompue, alourdit le feuillage des arbres, au point de donner l’impression qu’ils vont s’allonger sur la route. Sentiment mystérieux de traverser la jungle. Le fait de bouger nous procure à chaque fois un nouveau souffle. C’est la clé, on dirait. Par contre, les déplacements sont –très– lents. Il faut savoir qu’ici, atteindre 60km/h au compteur s’apparente à un exploit.

Nous accédons finalement à une majestueuse maison d’inspiration coloniale, où Ben avait déjà séjourné il y a deux ans (cf. l’épisode du pied cassé). Mia se perd dans le jardin et crée un herbier de fleurs, en les écrasant entre les pages de son carnet. Avec une joie non dissimulée, elle s’écrie : « Voilà les souvenirs que je ramène de Bali » . Il se trouve que ce petit coin de paradis est à vendre, pour un prix étonnamment accessible, compte-tenu du potentiel illimité. Il ne faut pas plus de 24 heures à Ben pour demander une visite complète. Je vois déjà briller dans ses yeux une lueur bien connue, celle des ébauches de projets inaboutis. Parmi ceux-ci, je me contenterai de citer un commerce de gaufres en Inde, plan étoffé pendant des heures avec notre estimée belle-sœur à la Mer du Nord. Rémi s’en souvient.

Revenons à nos moutons. Dans cette région, nous accédons à une autre forme de tourisme. Quelque chose de plus authentique, hors des sentiers battus. On peut même se sentir déstabilisés, par cette sensation étrange d’être parfois seuls au monde. La visite du Ujung Water Palace se fait dans la quiétude, à l’abri des foules. On ne peut en dire autant du Water Palace de Tirtagangga, célèbre pour ses carpes, gavées par les visiteurs. Il vaut quand même le détour, même si nous sommes heureux de réenfourcher nos montures pour échapper à la masse. Nous n’envisageons pas le voyage sans cette liberté de mouvement.

Amed constitue l’une des dernières étapes de notre épopée balinaise. Sur le trajet, nous jouissons d’une vue dégagée sur le Mont Agung, point culminant de l’île. En 1963, son éruption a été dévastatrice. Les coulées de lave ont miraculeusement épargné le Temple de Besakih, un signe sacré pour de nombreux Balinais, qui continuent à y apporter des offrandes, dans l’espoir que le volcan reste endormi. La contemplation de cette merveille naturelle est à la fois inquiétante et fascinante.

Le paysage change et se fait plus aride, à l’approche de notre destination. Amed est un spot réputé de plongée et de snorkeling. Les enfants ne se font pas prier pour le vérifier par eux-mêmes. L’exploration de Yann est de courte durée. Après avoir aperçu une murène, il sort de l’eau à la vitesse de l’éclair, sa nonchalance usuelle ayant prodigieusement quitté son corps. La piscine est, tout compte fait, amplement satisfaisante. Il ne remportera pas le titre du plus grand aventurier (ce qui ne figurait pas parmi ses aspirations).

Nous ne sommes pas charmés par cette bourgade, que notre guide (en papier) dépeignait pourtant comme pittoresque et authentique. Nous y créons tout de même un souvenir marquant : le baptême de plongée des enfants. Instant suspendu au milieu des poissons et des coraux, accompagnés de moniteurs aux petits soins. Féérique! Il nous reste quelques jours avant de devoir affronter un long trajet. Nous décidons de mettre le cap sur la région de Sidemen et ses vallées sculptées de rizières et de plantations. Notre passage en Indonésie aura été écourté, mais la splendeur de Bali s’est imprimée sur nos rétines.

12 commentaires

  • Co.

    C’est juste merveilleux, fantastique et ce n’est que partie remise. Très heureuse de votre sage décision !!!Marge, ta plume est un régal !! Bon retour et prenez soin de vous. Co.

  • Audrey Delfosse

    Je ris toute seule en imaginant Yann sortir de l’eau 😂
    Qu’est-ce que j’aime lire vos aventures… l’espace de quelques minutes, on est en voyage avec vous ❤️
    Et je suis certaine que dans quelques semaines on pourra recommencer à vous suivre 🙂
    En attendant on se créera quelques souvenirs ici pendant la convalescence de Ben 🍷🍹

    Gros bisous à tous les 4, profitez bien de ces 3 jours avant votre retour 😘

  • Tossings Marie Luce

    Je viens enfin de découvrir votre blog sur Bali (grâce au lien que Benji à mis sur le groupe familial) , un vrai bonheur à lire ! Quelle chance vous avez de pouvoir explorer, en famille, ce coin de paradis…
    « Rentrer plus tôt » ? Dommage… mais au moins, votre carte de fidélité va adorer ce petit bonus de miles imprévus !
    En attendant, il vous reste pas mal de temps pour continuer à nous régaler avec vos photos et textes.
    Bisous

  • Tossings

    Coucou vous 4 , quel plaisir de te lire Marg, tu es douée pour l’écriture, un talent caché !!! Contente que votre décision soit prise, ça n’a pas dû être facile mais, après ces frayeurs il fallait être raisinnable. Quand Ben sera « équipé  » vous repartirez rempli d’énergie pour découvrir notre monde et en prendre plein les mirettes. Bon retour, et continuez à pourchasser vos rêves. Bs au quatuor.

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